APPEL DE RENNES 2

Publié le par SUD étudiant



Suite au mouvement du printemps, et alors que nous réaffirmons la nécessité
d'une amnistie des acteurs du mouvement social victimes de la répression ainsi
l'abrogation de la Loi d'Égalité des Chances et du CNE, la seule réponse proposée
par le gouvernement est le rapport Hetzel qui préconise notamment l'instauration
d'une présélection à l'entrée à l'université ainsi qu'une professionnalisation
accrue des études (obligation de stages sous rémunérés voire non rémunérés,
etc.). De plus, la précarisation de la jeunesse, que nous avons dénoncée pendant
le mouvement du printemps, se poursuit et s'accroit: les tarifs du CROUS
augmentent, les manques de moyens dans les universités sont toujours présents,
etc.

Les étudiants de Rennes II réunis en Assemblée Générale le jeudi 16 novembre
rappellent donc que seule la création d'un rapport de force pourra permettre
l'amélioration du fonctionnement des universités et de la condition sociale des
étudiants. Nous, étudiants de Rennes II, appelons l'ensemble des étudiants à se
mobiliser au plus vite en réactivant les réseaux militants ayant existés de février à
mai dernier.

Nos revendications sont les suivantes : 

Contre la libéralisation de l'université, nous nous opposons aux
orientations impulsées par le gouvernement et le patronat :

Indépendance de la recherche parØ rapport aux bassins industriels locaux :
- Abandon des PRES (Pole de recherche de l'enseignement supérieur) qui sont
des poles d'excellence dont le parc est majoritairement financées par l'etat au
service d'entreprises privées. Pour une recherche 100% public.
Opposition aux conclusions du rapportHetzel :
-Halte à la professionnalisation en fonction des besoins économiques 
- Contre la sélection à l'entrée de  l'université (refus d'une préséléction
des lycéens grace à un entretien en mileu d'année de terminale) et à l'intérieur
des cursus (notamment en master 1 et 2).
Maintien de lasession de septembre

- l'arrêt du processus de libéralisation n'est pas une fin en soi, un
réengagement financier de l'Etat dans l'enseignement supérieur est
nécessaire pour un meilleur fonctionnement, ainsi nous demandons :

Remise en état des locaux
Mise en application rélle de l'exonération des frais d'nscription pour les
10% d'étudiants concernés dans l'attente de la gratuité de
l’enseignement supérieur
Titularisation de tous les vacataires
Embauche massive en CDI dans les universités et dans les CROUS
Augmentation du nombre de poste aux concours

Cependant, parce que notre vie ne s'arrête pas aux murs de 
l'université, et pour que nous puissions vivre dans des conditions décentes
nous réclamons : 

- Construction massive de logements sociaux
Réquisition des logements videsØ
Gratuité des transportsØ
Rémunération des stages, au minimum, à hauteur de SMIC
Réévaluation des bourses, remise à plat des critères d'attribution dans
l'attente d'un salaire social
Carte d'étudiant = Cartede séjour

Les étudiants de Rennes 2 réunis en assemblée générale le 16/11/06

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Vendredi 17 novembre 2006

Les enseignants et les étudiants de Grèce sont optimistes. Après deux mois de
lutte, ils ont fait reculer le gouvernement. Malgré l’arrêt de la grève des
enseignants, les occupations d’écoles et les manifestations se poursuivent. A
Athènes, ils étaient des milliers vendredi dernier à dire « jamais ! » aux plans de
privatisation de l’enseignement.

« A quand la privatisation ? », demande un étudiant au mégaphone. « Jamais ! »,
répondent en cœur les étudiants du secondaire. Ils sont quelques milliers
rassemblés à la place Omonia, au centre de la ville. « Nous restons optimistes, car
les enseignants et les parents sont avec nous », explique Katerina Venikaki,
étudiante en secondaire. La grève des enseignants a officiellement pris fin. Mais
ce n’est pas la fin du mouvement, estime Katerina : « Nous menons diverses
formes de lutte : des grèves, des manifs, des blocages, des occupations d’écoles.
Actuellement, 560 écoles sont occupées jour et nuit par les étudiants à Athènes
et plus d’un millier dans l’ensemble du pays. » La Nouvelle Démocratie
(conservateurs) et le Pasok (sociaux-démocates) veulent abroger l’article 16 de la
Constitution, qui garantit l’enseignement public et gratuit pour tous. Bien que le
gouvernement ait refusé de discuter avec les enseignants, il vient de reculer sur
un point : le débat sur l’article 16 et sur la privatisation de l’enseignement est
reporté à janvier. « C’est déjà une victoire de notre lutte », estime Katerina. Le
cortège des étudiants du secondaire démarre. Un peu plus loin, les étudiants des
écoles supérieures et des universités sont rassemblés. Ils sont emmenés par
Sydonistiko, l’organisation étudiante de gauche dans laquelle militent les jeunes
communistes. Un de leurs porte-parole nous explique pourquoi ils ont rejoint le
mouvement lancé par les instituteurs. « En été, nous avons préparé la
mobilisation contre les plans de la ministre de l’enseignement. Quand les
enseignants ont lancé la grève début septembre, nous avons directement décidé
de les soutenir et de participer à leur mouvement. Car leurs revendications
rejoignaient les nôtres. » Stravroula Riga, étudiante en secondaire, s’adresse aux
étudiants : « Le gouvernement dit que nous gâchons notre année en empêchant
les cours. Mais eux, c’est notre vie qu’ils gâchent ! »
13 fédérations ouvrières en grève pour l’enseignement

Sur une troisième place, sont rassemblés les enseignants du PAME, un front
militant au sein des syndicats, dirigé par le Parti communiste (KKE). Nous
rencontrons Manos Doukas, prof de maths dans une école secondaire d’Athènes.
Il rappelle l’historique de cette grève. « La grève a commencé par instituteurs
primaires. Au départ, ils avaient peu de contact avec les autres enseignants ou
avec les travailleurs d’autres secteurs. Et leur cadre de revendication était limité à
l’école primaire. Ils réclamaient un salaire net de 1.400 euros et s’opposaient à la
privatisation, sous le mot d’ordre ‘Non à l’école du marché’. Les militants du
PAME ont alors mis toutes leurs forces dans ce mouvement. Nous avons
encouragé l’élargissement de la lutte, qui a modifié ses objectifs et son contenu.
Nous avons mis en contact les enseignants avec les autres travailleurs. » La lutte
des enseignants et des étudiants jouit en effet d’un large soutien de la part de la
population. « Auparavant, quand nous allions parler de l’enseignement aux
autres travailleurs, ils s’en foutaient, explique Manos. Aujourd’hui, les
enseignants sont invités chaque jour par des syndicats ouvriers et des
associations de parents. Nous sommes parvenus à mettre le débat sur l’avenir de
l’enseignement au centre des préoccupations. C’est une victoire à laquelle a
grandement contribué le PAME. La semaine dernière, nous avons connu pour la
première fois une journée de grève pour l’enseignement, à laquelle participaient
13 fédérations de travailleurs : bâtiment, Horeca, secteurs privé, comptables,
artistes, etc. Cela n’a fait qu’accroître la mobilisation. Malgré que les enseignants
aient décidé de suspendre la grève, la mobilisation reste grande. L’occupation se
poursuit dans des centaines d’écoles. Nous allons préparer des grandes
manifestations en janvier quand le gouvernement reprendra le débat sur l’article
16. En juin également, nous serons présents, car un débat va s’ouvrir sur la
privatisation des universités. »
Contre la politique « de Bruxelles »...

Le centre d’Athènes est maintenant complètement paralysé. Les divers
rassemblements d’étudiants et d’enseignants se sont regroupés en une grande
manifestation combative de milliers de gens. Les slogans ne manquent pas
d’humour. Les jeunes s’adressent à la ministre de l’enseignement : « Marietta, tu
n’es pas une bergère, nous ne serons pas tes moutons ! » Ils sont fiers de l’unité
du mouvement : « Les étudiants ne baissent pas la tête ; avec le peuple,
résistance et lutte ! », « Construire le front, c’est notre riposte aux
multinationales. » Ils savent que les plans du gouvernement grec répondent aux
exigences du patronat et de la Communauté européenne, symbolisée par
Bruxelles. « Tant que vous suivrez Bruxelles, nous contre-attaquerons avec le
peuple », scandent-ils. Katerina s’adresse aux jeunes de Belgique : « N’hésitez
pas à lutter jusqu’au bout, même si vous avez l’impression qu’on ne vous écoute
pas. La question de la privatisation et du manque de moyen de l’enseignement
nous concernent tous, les gens des pays de la Communauté européenne. Raison
de plus de mener des luttes communes. »
- Encadré 1
Des molotov pour discréditer le mouvement

Certains médias mènent une campagne systématique de calomnie du mouvement
des enseignants et des étudiants. Récemment, une jeune fille de 16 ans a été
violée par 4 étudiants dans l’école d’un village, qui ne participait pas à la grève.
Une affaire choquante, bien entendu. Mais le rôle des médias l’est davantage. A
l’aide des images du viol, filmé avec un téléphone portable, ils font chaque jour
l’amalgame avec le mouvement des étudiants. Autre thème utilisé par les mêmes
médias : « les étudiants sont des casseurs ». Les écoles occupées ont pourtant
servi fin octobre comme bureaux de vote. Il y a bien eu des cocktails molotov
lancés à une école, mais par des inconnus masqués, depuis l’extérieur de l’école !
Stravroula Riga, également étudiante en secondaire, est du même avis : « Les
médias disent que les étudiants sont des violeurs et des casseurs, qui lancent des
cocktails molotov. En réalité, le gouvernement craint que nous soyons les
vainqueurs de cette lutte. Il fait tout pour discréditer notre mouvement, en payant
des journalistes pour nous calomnier ou des provocateurs. » Le cortège des
manifestants arrive à la place Syntagma, où siège le parlement. Je suis frappée
par la présence ostensible de groupes de policiers anti-émeute, avec des
casques, des boucliers et même des masques à gaz pour certains. Leur attitude
contraste avec celle des manifestants, tout à fait pacifiques. En Belgique, on
qualifierait cela de provocation. Soudain, trois individus masqués lancent des
cocktails molotov en direction de la police. Puis ils se replient vers le cortège des
manifestants. Mal leur en a pris. Ils sont aussitôt pris à partie par les
manifestants. Ceux-ci en ont assez des provocateurs.

Publié dans Nanterre

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