Lycées : trois projets à haut risque

Publié le par SUD étudiant

La réforme du lycée entrera en vigueur à la rentrée 2010, très probablement sur la base des deux rapports Descoings et Apparu, mais aussi des préconisation de la commission Pochard. Si l’organisation pédagogique apparaît toujours aussi imprécise, les finalités politiques demeurent, elles, très claires : diminuer la dépense publique, favoriser l’autonomie des établissements, redéfinir le métier et le service des enseignants.


DESCOINGS

Avec le directeur de Sciences Po nous étions censés oublier les bricolages de Darcos et “repartir de zéro !”.

Ses Préconisations sur la réforme du lycée semblent effectivement plus cohérentes et consensuelles que le projet initial de Darcos. Il écarte a priori l’idée d’une semestrialisation, part du principe d’une réforme menée dans la consultation et le dialogue, et invite à mieux accompagner l’orientation des élèves, à rééquilibrer les voies (générale et technologique) et les séries (notamment S et L), à repenser les enseignements ainsi que les emplois du temps.

Mais dans l’ensemble les préconisations de Descoings restent toujours indexées à une rhétorique probabiliste, individualiste et méritocratique de l’égalité des chances.

Surtout elles se présentent comme n’étant qu’une première étape, avant la refondation du lycée qui sera pour après 2010. Elles contournent deux questions décisives : celle des moyens budgétaires et par conséquent des suppressions de postes, et celle, corrélée, de la redéfinition du métier d’enseignant, certes évoquée par le rapport, mais à vrai dire déjà davantage engagée par le très polémique rapport Pochard.


Réformer : à quelles conditions ?

A y regarder de près, toutes ces réformes envisagées esquissent moins un projet éducatif qu’elles ne comptent sur l’orientation précoce, la mise en concurrence des établissements, l’individualistaion des traitements, l’autonomie budgétaire et la manie de l’évaluation pour soumettre le service public d’éducation à la rationnalité économique de la sphère marchande.

De la même manière que pour les hôpitaux ou les universités, il s’agit de gérer les établissements secondaires comme des entreprises privées, de les intégrer à une logique de compétitivité et de concurrence. Comme si la santé, la recherche et l’éducation devaient avoir tous les attributs d’un marché ! Ou les obtenir dès lors que l’on soumettrait les personnels à une relation salariale identique à celle des salariés du privé.

A SUD Education, nous ne pouvons pas envisager de discuter d’une quelconque réforme sous les conditions d’une telle chappe idéologique. Une véritable réforme du lycée est nécessaire mais, a minima, elle n’est pas possible : sans revenir sur la politique de suppression de postes ; si elle ne s’articule pas de façon claire et précise sur les autres cycles ; si elle ne s’interroge pas sur les contenus et les méthodes d’enseignements ; si elle ne se fonde pas sur une politique d’ensemble pour combattre les inégalités.


APPARU... ET POCHARD

Apparu rappelle justement les principes d’une refondation du lycée et indique clairement qu’elle devra se faire à « coût constant ». Traduisez : de manière à éponger la suppression des 80 000 postes, exigée par la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques).

Dans les grandes lignes, les propositions Apparu reprennent le premier projet Darcos (par exemple, le triptyque tronc commun/exploration/ accompagnement) ou vont même un peu plus loin (par exemple avec l’instauration d’un contrôle continu). Quant à l’idée d’une réorganisation de la scolarité autour de trois blocs (de la maternelle au collège, du lycée à la licence, le master), elle reste très lourde de menaces. Il est d’ailleurs significatif qu’il n’y ait pas un mot, dans le rapport, sur les lycées professionnels. Par contre on se propose de renforcer la place des classes préparatoires et des grandes écoles, sans curieusement s’inquiéter de leur coût.

Sur le fond, on retrouve les grands axes de la rationalité politique néolibérale du fameux Livret Vert de la commission Pochard (février 2008) sur l’« évolution du métier d’enseignant » :


Respect de la contrainte budgétaire

Apparu reconduit l’idée d’une réduction de l’horaire hebdomadaire des élèves (« 35h TTC », soit 30h de cours) puisque « 1h de cours supprimée c’est à peu près 1000 postes en moins  », et par la diminution par deux des redoublements puisque ceux-ci « coûtent chers ».


Modification du métier et des services

Afin d’éviter ces redoublements, Apparu propose sans rire un « sas de rattrapage » de deux semaines pendant les vacances d’été, qui seront par ailleurs réduites d’autant. De même, il propose des stages de réorientation pendant les vacances de février. L’aide à l’orientation (de plus en plus précoce) ou au devoir, l’aide individualisée ou l’accompagnement seront ainsi les nouvelles activités incluses dans le service des enseignants, du moins pour les certifiés, « car, pour les professeurs agrégés leurs missions devraient être redéfinies en liaison avec leurs activités dans l’enseignement supérieur  », par exemple, «  ». Mais en attendant Apparu prévoit un alourdissement de leur service de 2 heures : « Cependant, dans un premier temps, leur service pourrait comprendre quatorze heures d’enseignement par semaine et trois heures d’accompagnement  ».


Le renforcement de l’autonomie des établissements

Elle devrait concerner les trois heures d’accompagnement hebdomadaires, mais aussi les heures d’enseignement afin que les établissements puissent « bâtir une offre disciplinaire adaptée à leur public scolaire  ».

Cette politique d’autonomie s’inscrit aussi dans une culture de l’évaluation qui se soumet aussi bien les élèves que les personnels. Des mesures incitatives sont donc prévues, non seulement pour la gestion de carrière des chefs d’établissement, mais aussi pour les enseignants. La rémunération au mérite, le recrutement par le chef d’établissement, étaient déjà dans le rapport Pochard. Il s’agit de s’attaquer aux règles statutaires pour leur substituer un lien contractuel entre l’enseignant et son établissement.

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